Source: Le Devoir (Suisse]
DÜBENDORF / JEAN-JACQUES DAETWYLER
Dans certaines régions rurales traversées par de grands axes routiers, les émissions provenant de la combustion du bois dépassent en hiver celle du trafic automobile. C'est ce que révèle une étude de l'Institut Paul Scherrer (PSI) présentée hier au Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA).
«A Roveredo, village grison sur l'axe du San Bernardino, la concentration en poussières fines provenant des chauffages à bois peut atteindre, un soir de janvier, quatre à cinq fois celle mesurée sur l'autoroute voisine», indique André Prévôt, chef de groupe au PSI. Un cas extrême, sans doute. Mais les mesures effectuées à Zurich montrent que certains jours d'hiver, lors de situations d'inversion, les concentrations provenant des chauffages à bois sont comparables à celles dues aux voitures. «Les émissions dues à la combustion du bois sont nettement sous-estimées en Europe, comme en Suisse», constate André Prévôt. Les foyers ouverts sont particulièrement polluants. Des mesures effectuées aux Etats-Unis sont éloquentes: une cheminée - pourtant si romantique - dégage, à production de chaleur égale, six fois plus de poussières fines qu'un poêle à bois et deux mille fois plus qu'un chauffage à mazout. Faire appel au bois va certes dans le sens de la protection du climat: en tant que ressource renouvelable, il est neutre du point de vue du CO2. En outre, la montée du prix du mazout le rend de plus en plus attrayant. Mais le fait d'être naturel ne rend pas le bois automatiquement écologique.
«Les petits chauffages à bois décentralisés ne devraient pas être encouragés, estime André Prévôt. Quant aux grandes et très grandes installations, elles ne devraient l'être que si elles sont équipées d'un système efficace d'épuration des fumées.» Une autre solution, étudiée au PSI, consiste à transformer le bois en gaz naturel synthétique qui peut être ensuite injecté dans le réseau de distribution et brûlé sans émission de poussières fines.
Quant à l'incinération en plein air des déchets de jardin, elle doit être prohibée. Les émanations représentent la moitié des rejets de poussières fines par combustion de bois.
